Ecriture, paroles, prisons : journée d’étude du 10 décembre 2020

Une journée d’étude organisée par le réseau des événements littéraires (RELI) avec Colères du Présent, en partenariat avec l’AR2L, la DISP, la DRAC Hauts de France.

Comment le livre et la lecture peuvent entrer en prison ? Que dire, que faire, avec qui imaginer les conditions de la rencontre entre des auteur-trice-s, dessinateur-trice-s , artistes en tout genre et des personnes privées de liberté ?

Sous quelle forme ?

Pour vous connecter à la conférence, à partir de 9h30, suivez ce lien :

https://webconf.odass.org/b/fre-w0q-a2p-3u8

Retrouvez ici le programme détaillé de la journée :

Invitation10decEcritureprison-Final-2

 

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Léna Mehrej, Laban et confiture ou comment ma mère est devenue libanaise (Editions Alifbata, 2015) – Sélection Monde d’Après 2020


En suivant les méandres de sa mémoire, une jeune femme essaie de comprendre comment sa mère, d’origine allemande, a pu choisir de devenir Libanaise.
Aux méandres de la mémoire correspondent ceux du récit dessiné où transparaissent tendresse et inquiétude pour le melting-pot libanais mais où s’affirme aussi, résolument, l’humour.
« Je ne pense pas qu’elle ait été scandalisée quand mon grand-père a refusé de lui adresser la parole parce qu’elle était une femme. Elle ne l’a pas vécu comme un choc culturel , vu que son père l’avait traitée de la même façon quand il avait légué tout l’héritage à son fils. », confie la narratrice.

Hélène Flament

Retrouvez ici la contribution de Léna Mehrej au Monde d’Après de Colères du Présent en suivant le lien.

François Beaune et Fabrice Turrier, Dans ma ZUP (Le Nouvel Attila, 2019)

Des tableaux vivants mettent en scène, dans la prose de François Beaune et dans le dessin de Fabrice Turrier, harmonieusement mariés, les personnages de la « ZUP des Hauts » à Chambéry-le-haut.

D’abord leur implantation dans les champs et les friches. Puis, leur vie se déploie, des liens se nouent un métissage tranquille se construit, et voilà installée une société bien vivante, avec ses petits commerces, ses associations sportives et musicales où s’épanouissent les enfants.
Mais c’était avant que tout change en 1995, quand Chirac dénonce la fracture sociale. Cette fracture se matérialise : la mixité, les services publics et les commerces de proximité disparaissent….comme les bancs publics, symboles de convivialité.

Gentiment didactique, tendrement nostalgique.

Hélène Flament

Guillaume Lavenant, Protocole Gouvernante (Editions Rivages, 2019)

A priori l’écriture à la deuxième personne pourrait paraître rebutante. Il n’en est rien : c’est la forme que prennent naturellement les consignes données à une gouvernante par un locuteur invisible et omniscient. L’interrogation naît immédiatement de l’extrême minutie des consignes, de la formidable anticipation qu’elles révèlent, et de l’ignorance où est tenu le lecteur : quel rôle doit jouer la gouvernante dans la famille où elle a été introduite ?
Puis se développe un suspens adroitement mené dont la vague monte et déferle.
Ne cherchez pas d’épaisseur humaine aux personnages, pas plus qu’à ceux de la mauvaise série B dont le rôle dans cette curieuse histoire est loin d’être secondaire.

Hélène Flament

Aymen Gharbi, Magma Tunis (Asphalte, 2018)

Une révolution inachevée, évoquée comme un fantôme lors d’un cauchemar éveillé, a laissé Tunis dans le désordre et le désarroi.
Les hommes et les femmes y entretiennent des rapports violents. Cela grouille ; la hideur est poussée à l’extrême dans certaines scènes saisies dans les rues ou sur les quais du port. Mais un surréalisme parfois drôle se fraie soudain une place comme lors de la submersion de la ville par une vague de chats. On découvre aussi une société nourrie de multiculturalisme avec lequel le tunisien garde ses distances en donnant par exemple cette définition du rap : « …(il est) chanté par des gens à la fois ignares comme des chèvres et destructeurs comme des terroristes .»

….Et du chaos surgit la création artistique… ?

Piero Macola, Les Nuisibles (Futuropolis, 2019)

Qui sont les nuisibles ? Les rats ? …Les moustiques ?…Les migrants ?…Les méchants ?…
Comment le narrateur se considère-il lui-même ?

Le fil conducteur c’est peut-être la photographie et d’abord le photographe : tout dépend en fin de compte de celui qui prend le cliché, du point de vue qu’il adopte , du cadre dont il enserrera l’épreuve.

Récit énigmatique, esthétiquement réussi.

Hélène Flament

Alexandre Labruffe, Chroniques d’une station service (Editions Verticales, 2019) – Sélection Monde d’Après 2020

La vie ordinaire d’un pompiste admirateur de Jean Baudrillard , philosophe de la société de consommation. Il est aux premières loges pour observer le flux extravagant de ses semblables sur lequel vogue l’aventure de sa propre vie , de sa vie sentimentale entre autres. Il brosse des scènes minimalistes où le dérisoire, l’attendrissant, le grotesque et le tragique se succèdent. La dernière partie illustre de façon jubilatoire le doute inhérent à l’être humain.

Hélène Flament

Retrouvez ici Chroniques Barrées de la fin du monde, la contribution de Alexandre Labruffe, Olivier Hazemann et Xavier Courteix au Monde d’Après de Colères du Présent.

Cloé Wary, La Saison des roses (Editions FLBLD, 2019)

On entre dans le quotidien d’un club de foot féminin. Le regard empreint de féminisme et de féminité, analyse avec beaucoup de finesse les rapports hommes-femmes, dans ce milieu traditionnellement machiste.
Le récit est très tonique, dans le dessin, les couleurs, et aussi dans le rythme de la mise en page en particulier grâce à la variété des plans et à l’ usage judicieux des prises de vues (plongées , contre plongées, profondeur de champ). L’économie de phylactères laisse une large place au mouvement et à l’évocation graphique des sentiments.

Hélène Flament

Gharbi Aymen, Magma Tunis (Éditions de l’Asphalte. 2018)

Ghaylène, jeune Tunisien urbaniste et intellectuel, n’en peut plus de sa vie. Face à ses difficultés professionnelles et amoureuses, sous l’emprise de la drogue, il veut mourir.

Il part sillonner les rues de Tunis avec cette envie d’en finir mais des événements bizarres se multiplient : apparition massive de chats, mouvements de foule, présence très belliqueuse des policiers, lancers de pétards tonitruants et happenings d’art contemporain des plus étranges. Il s’égare encore davantage d’autant qu’il se sent suivi…

Gharbi Aymen brosse des personnages excentriques, un peu nonchalents, mais il évoque surtout une jeunesse désenchantée, amère et en perte de repères. Attendait-elle des conséquences plus heureuses de la révolution de Jasmin ? Un très beau roman.

Thérèse Chiarello